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LES OUTILS POUR OPTIMISER VOTRE PRATIQUE :
   

TAIJI KASE, MÉMOIRE D'UN SENSEI INCONTOURNABLE



Le 24 novembre 2004 disparaissait Taiji Kase, l’un des grands sensei qui aura marqué le karaté français.

S’il n’est pas le premier karatéka japonais à exercer une influence sur le karaté français, la sienne sera décisive. Formé à la dure école du dojo de Yoshitaka Funakoshi, de l’armée japonaise… et à celle des rixes nocturnes de cette époque troublée, maître Kase est un combattant hors pair qui n’a aucun mal à démontrer par l’exemple que les gestes de son karaté traditionnel sont aussi efficaces que purs… Il saura aussi faire entendre le message de l’exigence, celle du travail et du courage, qui formera plusieurs générations d’experts exceptionnels.


Itinéraire « J’ai perçu la noblesse du dojo »


Né en 1929 au Japon, Taiji Kase (ci-dessus avec Gichin Funakoshi) pratique tout d’abord l’aïkido et le judo. Dans cette discipline, il devient 2e dan en 1944, date à laquelle il débute le karaté avec Gichin Funakoshi et son fils, Yoshitaka. « Le Shihan du Shotokan-Dojo était Funakoshi Gichin et le second Shihan, son fils Funakoshi Yoshitaka, a témoigné Taiji Kase. Comme instructeur, celui qui m’a le plus enseigné était Hironishi Genshin. Nous allions aussi aux cours de karaté de l’université, qui invitait régulièrement différents instructeurs, un différent par semaine. Nous étions très impressionnés par Funakoshi Yoshitaka, qui avait révolutionné le karaté dans le sens du dynamisme, de la rapidité, de la puissance. Il a créé la position fudo-dachi pour effectuer ses techniques explosives à longues distances. Quand il démontrait, on ne voyait que l’éclair blanc de son keikogi et ses coups de pied enchaînés claquaient comme des éclairs. Quand il faisait le kata, les gens autour avaient une sensation de malaise, de danger imminent. Le Sensei Okuyama était terrible aussi. Dans les passages de grade, il faisait souvent un combat avec les nouveaux aspirants et les laissait totalement sans réaction.» Passionné par cette étude, il s’y consacre exclusivement, abandonnant finalement le judo au grade de 3e dan. À 16 ans, en 1945, il s’engage dans le corps des kamikazes de la Marine. La fin de la guerre, quelques mois plus tard, lui sauve la vie. Pendant ses études après la guerre, il devient capitaine de l’équipe de karaté de l’Université de Senshu. Entraîneur à l’université de Takushoku, il forme Enoeda, Shirai, Ochi. Il est l’un des plus forts piliers de la JKA, tout en gardant des contacts étroits avec les leaders de l’association Nihon Karate-do Shotokai, d’Egami et Hironishi, qui avaient été ses instructeurs. En 1964, il quitte le Japon pour aller enseigner en Afrique du Sud, puis aux Pays-Bas, en Belgique, en Italie, avant de s’installer définitivement en France. Son influence sur le karaté français, européen et même mondial, est essentielle. Instructeur majeur du Karaté Shotokan de la JKA, il a toujours eu, cependant, une forme de karaté personnel, qu’il appelait Shotokan Ryu Kase Ha (École Shotokan tendance Kase). Il enseigne cinq ans au Dojo de la Montagne Sainte-Geneviève, chez Henry Plée qui l’a invité à venir en France, puis au centre Daviel (Paris, 13e) en 1972, puis pendant trois ans à partir de 1973 rue Daguerre (Paris, 14e), salle ouverte de neufheures du matin à dix heures du soir. En 1986, il ferme son dojo parisien et décide de voyager dans le monde entier pour enseigner son art. En 1999, il est frappé par un infarctus. Vingt jours plus tard, il est de nouveau sur le tapis. Affaibli, il décède en 2004.


L’esprit : être un voyageur

« Avec cinq ans de pratique, on obtient la ceinture noire. Les techniques de base sont mémorisées, c’est le “baccalauréat”. Après dix ans, on a de bonnes bases techniques. C’est à ce niveau seulement que l’on peut prétendre commencer à enseigner régulièrement. En quinze ans, on a eu le temps de former parfaitement le corps et les techniques viennent spontanément. L’esprit s’éveille. C’est le niveau 4e dan. Avec vingt ans, au niveau cinquième dan, c’est la compréhension du karaté qui s’approfondit. Le mental, toujours en éveil, s’élève à la dimension du physique. À partir de ce temps de pratique, on ne change plus de voie, le destin est tracé. Trente ans… Avec une pratique régulière, c’est le temps de l’accomplissement : le corps exprime la pensée naturellement, en parfaite harmonie. Plus tard, vers les quarante années de pratique, aux alentours du 8e dan, une certaine forme de sensibilité spirituelle, télépathique, se développe. À ce niveau, c’est l’esprit qui progresse… Pendant tout ce parcours, la réflexion, la remise en question intérieure accompagnent le travail physique. Pratique et réflexion ne doivent pas être séparées. Dans les premières années, la mentalité est primitive, l’opposition agressive. En évoluant, on comprend que la pratique du karaté-do, ce n’est pas de tuer l’autre, mais de l’aider à progresser à son tour dans la voie. L’adversaire devient partenaire… En fait, il n’y a pas de mystère en karaté-do, mais un très long chemin. Un chemin sur lequel tout le monde peut avancer et passer d’un niveau à l’autre pourvu qu’il emprunte la bonne direction. La bonne direction ? C’est celle du travail. Car ce n’est pas seulement le nombre d’années, mais la qualité de la pratique pendant toutes ces années qui est vraiment importante. C’est la seule manière de progresser vers un karaté plus avancé. C’est pourquoi quand on me demande ce qui est le plus important dans la pratique, je dis que c’est le nombre et la qualité des répétitions de techniques ou de combinaisons. Mais il faut toujours chercher à ne pas faire n’importe quoi. Ainsi quand on fait cinq cents, mille ou dix milles tsukis, on doit analyser et ressentir – par la tête et le corps – parmi tous ses gestes, les deux ou trois qui ont été les meilleurs et s’interroger sur ce qui les distingue, et pourquoi à ce moment-là. La fois suivante, vous faites vos tsukis en cherchant la même sensation et vous parvenez à la reproduire dans une série plus courte. De cette façon, on gagne en qualité de travail, répétant plus fréquemment des techniques justes. Passer du quantitatif au qualitatif est essentiel, c’est ce qui est vraiment important dans le processus d’apprentissage.»

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